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Allô Docteur Bobo...
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5 décembre 2012

Ma petite bulle d'air : les urgences pédiatriques

Dans mon service d'urgences, on s'occupe des adultes, bien sûr, mais on est aussi en charge des plaies et des fractures chez les enfants (le reste des problèmes pédiatriques étant toujours géré directement par les pédiatres).

Ainsi, quand un petit bout arrive aux urgences pour une plaie à recoudre ou une suspicion de fracture, on quitte les urgences adultes, on traverse un large couloir, et Hop! On se retrouve dans un nouveau monde :

Les urgences pédiatriques.

Pour moi, c'est une vraie pause durant ma journée dans le monde harassant des urgences adultes, et j'y vais généralement avec le sourire.

Pourquoi? Vous allez comprendre...

 

Aux urgences pédiatriques, l'ambiance phonique est bien différente de celles des adultes. Alors certes, ici, ça chouine, ça pleure, ça hurle, souvent très fort, et oui, ça peut faire un peu mal à la tête.

Mais ici, aux urgences pédiatriques, vous n'entendrez jamais de "Madame, madame! Je voudrais un verre d'eau!" (Non Monsieur, on vous l'a déjà dit... Vous devez rester à jeûn...), de "Bon alors.... quand est-ce que le psy passe me voir?" (Euh, quand vous aurez un peu cuvé vos 10 Lexomil d'hier soir?"),  ni de "Lâchez-moi espèces de con**rds vous me faites mal!" (Attends bouge plus, on te fera bientôt plus mal du tout, laisse-nous juste te faire ton Loxapac et tout ira bien!)

 

Aux urgences pédiatriques, question déco : Point de gris, de blanc aseptisé, pas de structures métalliques tristes et froides... Mais des couleurs vives partout, des formes douces, des sièges rigolos dans la salle d'attente, des éléphants et des abeilles en mousse qui gardent la porte de chaque box...

Aux urgences pédiatriques, en cette période de Noël, on a installé un beau sapin dans le couloir, et il y a des guirlandes partout... De l'autre côté du couloir, chez les grands, on doit être dans un autre espace temporel : on ne fête pas le 25 décembre : pas la moindre petite trace d'épicéa, de boule de Noël ni de bonhomme de neige planqué dans un coin... Et pourtant, j'ai bien cherché!

 

Aux urgences pédiatriques, dans la salle d'attente, presque tous les gamins sont assis tranquillement sur leur chaise, le nez levé, absorbés par la petite télé qui diffuse 24/24h des Disney... Il y a même des enfants qui veulent retourner voir la fin du dessin animé une fois qu'ils sont guéris et qu'ils ont le droit de repartir chez eux, et qui, alors qu'ils ont été très courageux pendant qu'ils se faisaient recoudre le front, font des véritables crises de larmes pour rester encore un peu aux urgences...

Franchement, quelqu'un peut m'expliquer pourquoi on ne généralise pas ce système aux salles d'attente adulte? Ce serait quand même bien plus chouette de patienter avec son poignet cassé devant une énième rediff de L'Aile ou La Cuisse plutôt qu'en fixant bêtement le mur devant soi (tout gris et froid, et sans déco, rappelons-le), non?

 

Aux urgences pédiatriques, on a une recette magique : le Méopa. Mélange équimolaire de protoxyde d'azote pour les intimes, c'est le gaz hilarant qu'on propose aux enfants lors des gestes douloureux (prises de sang, sutures, etc...) et qui diminue la douleur, en les aidant à se détacher de la situation. On leur fait respirer à l'aide d'un masque relié à une bonbonne de gaz, et tenu par une infirmière, le parent ou parfois même l'enfant lui-même.

Chez les enfants qui y réagissent bien, cela donne lieu souvent à des scènes très sympa : pendant que je m'applique à recoudre l'arcade sourcillière du gamin, celui-ci, bien caché sous sa "petite cabane", (= le champ stérile, ce carré de papier vert troué qui sert à isoler le lieu de la suture du reste du corps du patient), se marre comme une baleine aux blagues de l'infirmière, et nous raconte, complètement désinhibé, toute sa vie dans les moindres détails.

On apprendra ainsi, sous les yeux tantôt ébahis, tantôt rigolards de leurs mamans respectives, qu'Oscar, 7 ans, a une amoureuse (Laura, qui est très jolie); que Flore, 3 ans, n'aime pas les garçons car ils sont bêtes, tandis que Nino, 4 ans, voudrait une grande grue pour Noël mais est bien embêté car il a oublié de le mettre sur sa liste au Père Noël.

 

Aux urgences pédiatriques, le temps d'une suture ou d'un petit plâtre, je retrouve mon âme d'enfant.

 

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